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Photo du rédacteurFranck Houdas

Jordan, la loi du plus fort

Dernière mise à jour : 4 août 2023

Dans ce livre, traduit par Lucas Saïdi, le journaliste sportif américain et auteur de cet ouvrage Sam Smith ouvre la porte du vestiaire des Chicago Bulls et prend place à bord du bus, de l’avion ou même du banc de touche. Il offre au lecteur la possibilité de s'asseoir aux côtés des joueurs et de les écouter parler des coéquipiers, de leurs entraînements, de leurs dirigeants, de leurs amis, de leur famille... Une œuvre d’art de 500 pages dans lesquelles nous passons toute la saison 1990-1991 aux côtés de Michael Jordan et compagnie.

Livre « Jordan, la loi du plus fort » de Sam Smith
Tout est dans le titre / ©Cultura

En 1991, les Bulls de Chicago remportent leur premier titre NBA, le premier d’une longue série ayant marquée l’histoire du basketball. Mais quelle est l’ambiance au sein d’un collectif tel que les Bulls de cette saison-là ? Comment sont traités les joueurs lorsque le leader est Michael Jordan ? Durant sa carrière, Sam Smith a eu la chance de suivre cette équipe pendant trois ans pour le compte du Chicago Tribune.


Même s’il n’a pas pu participer aux réunions d’équipe ou embarquer dans l’avion, il a pu se tenir au courant de ce qu’il se disait grâce aux liens qu’il avait tissé avec la plupart des joueurs et du staff technique. Et forcément, côtoyer Michael Jordan au quotidien doit faire rêver plus d’une personne, n’est-ce pas ?





Michael Jordan, compétiteur dans l’âme

Ce n’est plus un secret pour personne, Michael Jordan est sûrement le plus grand basketteur de l’histoire de ce sport. Au fil des pages, le lecteur constate une chose : avec une moyenne de 30 points inscrits par match durant la saison 1990-1991, Jordan ne laisse aucune miette à ses adversaires mais aussi à ses partenaires.


À l’entraînement, en match ou en conférences de presse, l’arrière des Bulls n’hésite pas à les critiquer voire même à les engueuler. Jouer avec des losers, Jordan n’aime pas ça. Il n’est pas seulement l’icône d’une équipe, il est également le leader de cette franchise à tel point qu’il choisit les transferts qui doivent être conclus (comme par exemple le non transfert du Yougoslave Toni Kukoč est dû en parti à ses propos dans la presse alors que le General Manager, Krause, souhaitait vraiment l’avoir).


Comme tout champion et athlète de haut niveau, Jordan s’intéresse à d’autres sports et notamment le golf. Dès la moindre journée de repos, il attrape ses sacs et clubs de golf et part sur les parcours. Mais comme tout champion et athlète de haut niveau, Jordan déteste perdre et ça se ressent. Alors souvent, il décide de jouer solo et de pénétrer sous la raquette pour aller claquer un dunk. Et c’est cette attitude qui crée une atmosphère toxique dans le vestiaire : ses coéquipiers râlent car il ne joue pas collectif, prend tout le temps les commandes et ne respectent pas le système de jeu imposé par Phil Jackson : le jeu en triangle.

La franchise des Chicago Bulls lors de la saison 1990-1991.
Les Chicago Bulls de la saison 1990-1991.

Focus également sur le reste de l’équipe

À part le jeu solitaire de MJ sur les parquets, une chose récurrente est souvent évoquée dans ce livre : la différence de niveau entre les titulaires et les remplaçants. À chaque match, dans le quatrième quart-temps, les remplaçants ont systématiquement le don de gâcher l’avance de points réalisée par les titulaires. Et à chaque fois, Air Jordan est énervé et demande à Phil Jackson de le faire entrer à nouveau pour « récupérer les conneries » de ses partenaires.


Des partenaires plus ou moins talentueux comme Scottie Pippen et son côté espiègle, souvent deuxième marqueur du match derrière Jordan ou bien encore John Paxson. Le meneur de Chicago est constant sur les tirs à trois points et est toujours sincère dans ses paroles. Et que dire de la bienveillance et de la défense d’Horace Grant faisant partie du cinq majeur à chaque rencontre. Bill Cartwright, lui, a du talent mais ne s’entend pas avec Jordan. Le pivot des Bulls est connu pour ses coups de coude (involontaires ?) blessant ses partenaires à l’entraînement et ses adversaires en match. Quant à Cliff Levingston, Will Perdue et Dennis Hopson, pour ne citer qu’eux, ils passent plus de temps à cirer le banc que le parquet. Enervés par le manque de temps jeu, Levingston, Perdu et Hopson n’hésitent pas à faire des remarques quant à la gestion de l’équipe et des privilèges accordés à Jordan. Oui, encore et toujours des tensions dans cette équipe !

Michael Jordan et Phil Jackson.
Michael Jordan et Phil Jackson / ©Basketball Network

Même si ce livre parle de la franchise, le fil rouge reste tout de même Michael Jordan. Voici donc trois citations qui prouvent la mentalité de l’ancien n°23 des Bulls :

  • Lors de l’arrivée de Phil Jackson à la tête des Bulls en 1989, lors d’une conférence de presse : « C’est le coach, je suivrai son plan de jeu et je ferai ce qu’il me dira. Mais je ne changerai pas mon style de jeu pour autant. Je suis certain que tout se passera bien tant que nous gagnerons, mais si l’équipe commence à perdre, comptez sur moi pour prendre autant de shoots que nécessaire. »

  • Au printemps 1990, les Bulls perdent les deux premiers matchs des playoffs face à Détroit. Le lendemain, à l’entraînement, Michael Jordan arrive, agacé : « En arrivant, je tombe sur Horace et Scottie en train de glandouiller et déconner. Le talent, ils l’ont mais ils sont incapables de se prendre en main. Pareil pour les rookies, je débarque et je les vois traîner entre eux comme d’habitude. Ils n’ont pas la moindre idée de la gravité de la situation. Les deux blancs (John Paxson et Ed Nealy) travaillent dur mais le talent, ils ne l’ont pas. Et les autres ? Ça fait longtemps que je n’attends plus rien de leur part. Ce sont juste des bons à rien. »

  • En décembre 1990, après une défaite face à Milwaukee, Jordan déclara en conférence de presse : « Le problème est simple : cette équipe pue du cul. »

Mon avis : Le début du bouquin est un peu désordonné : Sam Smith évoque le mois d’octobre 1993 avant de passer à celui de juin 1991 puis revenir un an en arrière, au printemps 1990. Il faut attendre une centaine de pages pour être projeté en octobre 1990, soit au début de saison. Même si j’ai eu du mal à rentrer dans le bouquin, je ne peux avouer qu’il y a un vrai travail de la part de l’auteur : les coups de colère de Jackson, les actions de matchs détaillées, la réaction des joueurs à l’entraînement et en match, le trashtalk... Je me suis vraiment senti au sein de l’équipe que ce soit dans le bus, sur le parquet ou lors des négociations de contrat. Amateur de basket, ces 500 pages contiennent énormément d’anecdotes croustillantes comme celle où Michael Jordan se rend à l’entraînement en empruntant la bande d’arrêt d’urgence pour éviter les embouteillages. Bien sûr, l’arrière des Bulls avait tout prévu en cas d’arrestation : des billets pour les futurs matchs et des ballons dédicacés remplissaient son coffre pour un arrangement à l’amiable.

Au début, je ne comprenais pas trop pourquoi Sam Smith dressait le portrait de certains joueurs. Puis je me suis rendu compte qu’à chaque fois, cela débouchait sur la relation avec Michael Jordan (d’où le titre du livre : Jordan la loi du plus fort). Par ailleurs, la préface de Sam Smith est un vrai plus au livre : le journaliste sportif donne son avis sur la série Netflix The Last Dance et les conséquences intéressantes sur la sortie de son ouvrage, également évoquées dans l’épilogue. Au vu du travail et de la qualité du livre, ce n’est pas étonnant que cet ouvrage soit une référence dans la littérature sportive mais aussi dans le monde de la NBA.


Michael Jordan et Sam Smith.
Michael Jordan (au premier plan) et Sam Smith (en chemise bleue) / ©Trashtalk

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